jeudi 7 mars 2019

Mary-Louis-Arsène COURTOIS


Un soldat dans la grande guerre



Mary - Louis - Arsène Courtois
1898 - 1918




                                                        Louis était le grand frère de ma grand-mère paternelle, Rose, Madeleine Courtois, épouse Boulay. Je ne l'ai pas connu car il est mort à 19 ans, le 29 avril 1918 mais il a toujours été présent dans mon enfance. Son portrait trônait dans l'appartement que ma grand-mère partageait avec ses deux sœurs depuis son veuvage. Elles en parlaient comme si il était mort la veille, avec beaucoup d'amour et de chagrin alors qu'elles étaient enfants voire bébé quand il est mort. Je ne crois pas qu'elles avaient réussies à faire le deuil de ce grand frère adoré dont elles cultivaient le souvenir.

        Premier né et seul garçon des neuf enfants qu'auront Alexandre Courtois et sa femme Émilienne Chauveau, Louis nait le 5 juin 1898 à 11h du matin, dans la maison de ses parents aux Châtelliers-Notre-Dame en Eure-et-Loir (28). Ils lui donnent les prénoms de Mary, Louis, Arsène. Mais c'est par son deuxième prénom qu'il sera appelé. 
A sa naissance son père, Jean-Joseph-Alexandre, à 30 ans et est bûcheron. Sa mère, Emilienne-Alexandrine-Adrienne-Ambroisine, à 22 ans et s'occupe de tenir la maison. Ils se sont mariés un an plus tôt, le 10 juillet 1897 à Magny, village natal d'Emilienne, situé à 5 km des Châtelliers. Tous les aïeux paternels ou maternels de Louis sont originaires, ou habitent, aux alentours dans un rayon de 10 km.

        Sur l'acte de naissance de Louis, on peut lire que la grand-mère maternelle de Louis, Ursule-Marie-Victoire Cailleaux, épouse de Jean-Baptiste -Marin Chauveau, domicilié à Magny, signe en tant que témoin. Elle sera également citée pour la naissance suivante. Par la suite je ne sais pas, Ursule n'apparaissant pas sur les actes de naissance des autres sœurs de Louis. Mais il y a de grandes chances qu'elle soit présente au domicile de sa fille. Avant l'avènement des maternités, lorsque les futures parturientes ne retournaient pas accoucher chez leur mère, souvent ces dernières se déplaçaient pour aider leur fille. On peut aisément imaginer Ursule faire à pieds les 5 kms la séparant de sa fille. ou peut-être en voiture à cheval... 





        C'est entre la mort de la troisième enfant du couple, Béatrice, âgée de 7 mois, le 8 août 1901, et avant la naissance de ma grand-mère, Madeleine, née le 5 octobre 1902, que la famille quitte Les Châtelliers-Notre-Dame, petite commune du Perche de 159 habitants au recensement de 1896, pour s'installer à Frazé, village de 1121 habitants au recensement de 1901. Frazé est situé à 16 km au sud-ouest des Châtelliers. Alexandre a trouvé une place de jardinier-bûcheron au château. Joseph Dulong de Rosnay, le nouveau propriétaire du château de Frazé veut remanier les jardins. Il y arrivera si bien que son jardin deviendra entre les deux guerres, un jardin modèle que l'on vient visiter de loin. 

Louis et ses sœurs
(de gauche à droite) Denise, Marthe, Madeleine, Marie-Louise



Louis âgé d'une dizaine d'année

                        
        Louis va à l'école du village et passera sont certificat d'étude. Ensuite il deviendra jardinier-fleuriste. Aujourd'hui on dirait horticulteur. Il travaillera un temps avec son père au château, puis au manoir du Grand Cormier, toujours sur la commune de Frazé.

        Chez les Courtois, l'instruction est très importante. A travers les différentes actes de naissance ou de mariage, j'ai pu me rendre compte que les ancêtres de Louis sont très nombreux à savoir signer, surtout les femmes, et ça dés le 18e siècle. Pas de simples signatures maladroites mais de belles signatures bien assurées et lisibles. D'ailleurs ma grand-mère avait la passion des livres, surtout les livres d'histoire, et elle en offrira beaucoup à ses petits-enfants. 
Aline, l'avant dernière de la famille, malgré sa quasi cécité, écrira de la poésie toute sa vie.









           Au moment où la guerre éclate, Louis a 16 ans. Il sera mobilisé trois ans plus tard, le 2 mai 1917, un mois avant ses 19 ans. A cette époque il fréquente une jeune fille mais je ne connais pas son nom. Les sœurs de Louis ont toujours dit du mal d'elle, que ce n'était pas une personne aimable. Mais est-ce vraiment la vérité, ou de la jalousie face à une fille qui leur piquait leur frère ? On peut se poser la question, d'autant que certaines des filles Courtois avaient un caractère bien trempé, tout comme Louis d'ailleurs, et pouvaient être très désagréables quand les choses n'aillaient pas dans leur sens. Ma grand-mère et ses enfants en feront l'amère expérience quand elle se retrouvera veuve, mais c'est une autre histoire ... 

        Grâce à la fiche matricule et au livret militaire de Louis, on a la chance d'avoir une description de son physique. A 19 ans, il mesurait 1m52. son père Alexandre faisait 1m57. Ma grand-mère et ses sœurs n'étaient pas plus grandes, et mon père faisait 1m65. Dans cette famille on n'est pas très grand. Comme en témoigne aussi les fiches matricules des cousins et oncle de Louis.
Au physique Louis avait les cheveux châtains clairs, les yeux bleus, le front moyen et fuyant, le nez convexe long, et le visage ovale. Caractéristiques que l'on retrouve aussi souvent chez les Courtois. 


Fiche matricule de Louis
archives départementales d'Eure-et-Loire


Extrait du livret militaire de Louis

         Louis ne fera pas de service militaire. Pour lui se sera directement l'apprentissage de la guerre. Le 1er mai 1917, il est incorporé au 115e Régiment d'Infanterie, 27e compagnie, basée à Mamers (72). Leur devise est : "Jamais content". Il y entre comme soldat de 2e classe sous le numéro 14-847
Dans de nombreuses lettres qu'il envoie à ses parents et à sa sœur Marthe, Louis décrit surtout la vie à la caserne. Ce n'est qu'en mars 1918 qu'il rejoindra le front et le 156e Régiment d'Infanterie, 2e bataillon. Il sera tué quelques semaines après.

Caserne du 115e RI à Mamers (72)



        Dés le lendemain de son incorporation, l
e 2 mai, Louis se fait vacciné contre la fièvre typhoïde. Le vaccin avait été mis au point en 1915 pour enrayer cette maladie des mains sales, qui tuait autant que les bombes. Ce vaccin se faisait en plusieurs injections à quelques semaines d'intervalles et rendait bien malade, comme le décrit Louis dans une lettre adressée à ses parents le 11 mai 1917 :


"[...] Je vous dirais que l'ont nous a vaccinés tantôt à 2h pour la seconde fois contre la fièvre typhoïde a l'épaule et il nous enfonçais une aiguille de 10cm dans la viande et je vous prie de croire qu'il y en avait qui tombaient beaucoup sur le carreau après. Il y a beaucoup de malade, le bras gauche est inerte. Il y en a 2 ou 3 dans la chambre qui vont pas très bien. Quand à moi je me sent pas pour le moment mais demain je crois que ça sera mon tour. On en a pour 2 ou 3 jours à être exempt d'exercice. et aujourd'hui en 8 jours on recommencera une autre piqure mais plus forte encore. enfin c'est le métier qui veut ça et il n'y a pas lieu de s'en faire. [...]"

Autre maladie qui sévit à la caserne, la scarlatine.  "[...] la fièvre scarlatine court en ce moment beaucoup à la caserne. Nous avons des sections de consignées pour cela et je crois même bien que si ça continue nous allons être obligé d'évacuer la caserne et aller en cantonnement plus loin. Moi pour le moment je suis en bonne santé et j'espère bien que la scarlatine ne m'empoigneras pas [...] Lettre du 25 juin 1917.

      Louis raconte dans ses lettres sa formation de soldat basée essentiellement sur la marche et l'endurance. Le podomètre est le témoins de la performance du fantassin. A cette époque le fantassin est avant tout un soldat qui doit être capable de parcourir à pieds de grandes distances le plus rapidement possible, sac au dos. Louis en parle souvent de ses longues marches, de nuit le plus souvent. A part le train, les soldats rejoignaient leur cantonnement à pieds, marchant des jours et des nuits entiers.

Bataillon en route pour la Champagne, 1914


   1914                   1917



"[...] Je vous dirai que nous revenons d'une marche de nuit de trente kilomètres et il est 9h1/4 du matin et je vous prie de croire que l'on en a plein les pattes surtout que l'on charge toujours petit à petit les bonhommes. Je vous garantis que l'on n'a pas envie de retourner les plumards, enfin cela nous fait les jambes. [...] Lettre du 31 juillet 1917

" [...] Pour l'instant nous avons deux jours de repos et c'est du repos bien gagné. Ces jours ci nous avons été au champ de tir à 7 km d'ici faire des tranchées et du tir. Nous sommes en train de recommencer ce que nous avons fait dés les premiers jours  pour nous classer par groupes des forts, des moyens et des faibles. [...] Lettre du 27 mai 1917

         La manœuvre et le tir sont inséparables comme au temps des guerres napoléoniennes. D'ailleurs la formation militaire n'a guère changé depuis l'époque des grognards de Napoléon, un siècle plus tôt. Le fantassin ne doit faire qu'un avec son arme. Il doit savoir le charger et tirer en position debout et horizontal tout en respectant les ordres donnés par le commandant "Feu à volonté",  "Cessez le feu". Le tir n'est là que pour faciliter l'avancer sur le champ de bataille et ainsi pouvoir atteindre l'ennemi au corps à corps avec la baïonnette. Avant 1914, il existait même une discipline : l'escrime à la baïonnette. Cette discipline était pratiquée à la Belle Epoque dans toutes les casernes de France. Elle était considérée comme un sport, et en tant que telle, la baïonnette était une épreuve des championnats de France militaires d'escrime au même titre que le sabre ou l'épée.

    Louis ne parle qu'une fois de la baïonnette, dans sa première lettre lorsqu'il décrit son paquetage. Ensuit il n'en parle plus lorsqu'il décrit ses entraînements. Peut-être parce que depuis le début de la guerre, elle s'est révélée peu pratique dans les tranchées. Trop longue, prenant trop de temps à installer, elle sera remplacée par la pelle, l'arme de poing (révolver), le poignard, la grenade, le lance flamme. Entre 1914 et 1917, la guerre a évolué aussi bien au niveau de l'uniforme, plus discret, que de l'armement. La guerre se modernise. Mais ce qui ne change pas c'est que le soldat n'existe pas en tant qu'individu. Seul compte l'action collective, le feu de ligne et les opérations menées par groupe. Le terme de chair à canon prend tout son sens lors de cette guerre et on le sent dans les lettres de Louis.


        Du 15 juin au 1er septembre 1917, il suit l'entrainement de protection contre les gaz.
"[...] Aujourd'hui nous allons nous exercer à mettre des masques contre les gaz asphyxiants.[...]" Lettre adressée à ses parents le 25 juin 1917

        Du 17 au 28 décembre 1917, il fait un stage de grenadier et obtient la mention "voltigeur bon". 

        Tant qu'il est à Mamers, Louis a droit à des permissions qui sont assez aléatoires. En plus de la vie de la caserne, c'est un sujet récurrent dans ses lettres ainsi que la demande d'argent pour pouvoir prendre le train. 
"[...] Je vous dirais que je suis bien arrivé à la caserne dimanche soir et en bon port et nous étions beaucoup car vers la fin de la semaine ont doit nous distribuer nos livrets militaires. [...]
Pour un homme de la belle époque, le livret militaire est très important car c'est ce document qui lui permet de justifier son état civil. La carte d'identité date de 1921. C'est également sur le livret militaire que sont indiqué le lieu et le délai que doit mettre la jeune recrue pour rejoindre son régiment lors de sa mobilisation et qu'il sert de bon de transport. Là pourquoi on leur donne leur livret militaire 4 mois après leur incorporation, mystère ? A travers les lettres de Louis on a l'impression qu'il y avait de nombreux problèmes d'organisation.

        Le 25 mars 1918, Louis quitte le 115e RI pour le 156e régiment d'infanterie qui a subi d'énormes pertes et qui se trouve en Belgique dans la région de Ypres aux côtés des unités britanniques et canadiennes. Avec ses compagnons du 2e bataillon, il participera à la Bataille des Monts de Flandre. 
Dans la nuit du 28 au 29 avril, ils relèveront en première ligne leurs camarades du 1er bataillon pour continuer le combat face aux allemands et les empêcher de passer le Mont Scherpenberg et de prendre la route de Locre. Ce sera une véritable boucherie. Des bataillons entiers seront décimés dont le sien. 
Lors de ces violents combats, Louis sera blessé à l'abdomen et à la jambe gauche. 
Il décèdera des suites de ses blessures le 29 avril 1918, à l'ambulance anglaise 13 Casualty clearing station à Arnèke (59).

Louis repose dans le cimetière militaire britannique d'Arnèke, tombe 111.

Sa dernière lettre datée du 21 avril 1918, est pour sa sœur Marthe dont il était très proche.



"Je t'envoie ces quelques mots pour te faire savoir que je suis en bonne santé en ce moment et je désire que la tienne doit être de même. Pour le moment je suis en Belgique près de la frontière alors tu vois j'ai pas mal voyagé. Ici le temps n'est guère rassurant, de la grêle ou de la neige quand ce n'est pas du soleil. Je compte soit demain ou après demain être en réserve ou en ligne. Si tu ne sais pas mon adresse tu la demanderas à Frazé, mais ça doit être la même que je t'ai envoyée la dernière fois toujours à la 1ère compagnie car il est défendu de donner trop d'indications contre les espions.
Je termine cette carte en t'embrassant bien fort, ton frère qui t'aime pour la vie. L. Courtois "








Bordager



En remontant la branche des Boulay, j'ai découvert la profession d'un ancêtre direct, René Bardet, que je ne connaissais pas : Bordager Après quelques recherches, je me suis aperçue que c'était le nom qu'on donnait au locataire d'une borderie. Ce mot là je le connaissais pour l'avoir découvert lors de mes recherches sur la branche Baconnais en Loire-Atlantique.

Bordager est un métier que l'on trouve dans la Sarthe, le Maine et la Beauce (sous le nom de Soiton), et plus généralement dans l'ouest de la France, avant 1789.
Il désigne un cultivateur qui exploitait une petite surface de terre, entre 5 et 10 hectares, autour de sa maison, appelée bordage, borderie ou closerie.. Il n'était ni un journalier, plus pauvre, ni un métayer, plus riche. Enfin tous ne gagnaient pas des milles et des cents. Dans certaines régions, notamment en Bretagne, on était pas très loin du serf du moyen-âge.
En général, fermes et métairies appartenaient aux privilégiés (noblesse et clergé), les bordages ou borderies, à la bourgeoisie.
Le bordager pouvait aussi être laboureur lorsqu'il avait son propre attelage et matériel comme mon ancêtre Julien Baconnais (1744-1794) qui avait une borderie à Haute-Perche (44)
Le terme est très ancien et synonyme de bordier que l'on trouve dans les textes du XIe siècle en Normandie : "Lois de Guillaume Le Conquérant" (cf. http://philb.wiki.free.fr/accueil/wiki/wiki.php?title=bordager)

mardi 9 janvier 2018

300 ans plus tard...

                    Dans les années 70, Mado Bacconnais, née à Pornic(44) et cousine issue de germain du côté maternel de ma mère, s'est mariée avec un certain Jacques Riot, né à St Nicolas de Redon(44). Jusque là rien de bien original. Jacques est arrivé enfant à Pornic suite au déménagement de ses parents. Mado et Jacques appartenaient à la même bande de copains, ils sont tombés amoureux et se sont mariés.
Sauf que dans la famille certains affirmaient qu'ils étaient cousins éloignés. Je crois que c'est Didine qui avait du lancer l'info. Il est vrai que l'arrière grand-mère maternelle de ma maman, s'appelait Jeanne Riot. Elle avait épousé en 1876 Augustin Baconnais à Bains-sur-Oust (35). Mais des Riot, il y en a beaucoup dans ce petit coin de France, donc je n'y ai pas vraiment prêté attention. J'ai commencé à vraiment m'intéresser à cette histoire quand Jacques m'a dit que son grand-père paternel était de Bains. Alors là, il fallait que je sache.





Et bien ça y est, après plusieurs années* de recherches, je peux affirmer qu'ils ont bien un ancêtre commun qui remonte au XVIIe siècle :
                                             
Jan Rio

Il s'est marié entre le 26 et 29 septembre 1679 à Bains-sur-Oust avec Denise Joubeaux.


"Jan Rio a épousé canoniquement Denise Joubeaux par le ministre du .....................en présence de Jan Rio, .........., Jan Joubeaux, Gui Saindon le ? 1679" Je n'ai pas réussi à lire la date.

Je n'ai pas encore leur date de naissance. Il faut que j'épluche les registres paroissiaux et ce n'est pas toujours facile de lire ceux de cette époque là. Il y a les difficultés paléographiques bien sûr mais surtout des difficultés de lecture lié à l'encre et à l'état du papier. Certaines pages sont illisibles voire effacées ou rongées. Et puis pour les registres de cette époque, je trouve plus facile de les lire directement sur place que sur un écran d'ordinateur, surtout quand il est plus de minuit ;-) Malheureusement pour ça il faut se déplacer et on n'est pas toujours à côté.

Mais revenons-en à notre couple. Quand Jan et Denise se marient, Louis XIV vient d'avoir 41 ans et ne s'est pas encore installé définitivement à Versailles. (Petite précision qui permet de se situer dans le temps).
Notre jeune couple aura 7 enfants : 3 filles et 4 garçons.
Mado, ma cousine, descend de Jean, né le 21 décembre 1686 et qui a épousé à Bains, Françoise Veillon le 24 janvier 1713.
Jacques, lui descend de Guillaume. Je n'ai pas encore trouvé sa date de naissance ni celle de son mariage. Je sais juste qu'il s'est marié à Perrine Desprez et je leur ai trouvé 2 enfants : 1 fille et 1 garçon, qui sont nés à Bains en 1725 et 1727.

Jan Rio x Denise Joubeaux
28/09/1679 à Bains-sur-Oust
ont eu 8 enfants dont

               Jean Riot         x      Françoise Veillon                     Guillaume Riot     x     Perrine Desprez 
        (1686 -  ?  )    m24/01/1713                                                                             m19/10/1723                     
     6 enfants dont                                                                  2 enfants dont
 Jean Riot         x           Thomasse Hurel                                Pierre Riot       x       Guillemette Gicquel
 (171 6-  ?  )     m15/02/1752       (1720-  ?  )                                                (1727 -  ?  )      m17/02/1752
                 1 enfant trouvé                                                                      3 enfants dont
 Vincent Riot     x      Thérèse Thomas                                    Ambroise Riot     x    Anastasie Collet
(1756 -  ?  )      m04/02/1784       (1759-1784)                                              (1761-1827)     m12/01/1785
                 1 enfant trouvé                                                                     1 enfant dont
George Riot       x       Julienne Jouin                                       Joseph Riot         x     Marie Coicadan
(1784 -  ?  )     m06/02/1809         (1782 -  ?  )                                               (1785- 1839)     m24/02/1821     (1800-  ?  )
                 1 enfant trouvé                                                                     6 enfants dont
Jean Riot           x        Louise Proudy                                      Jean-Marie Riot   x    Jeanne Lottiaux
(1809-  ?  )      m03/11/1845        (1824-  ?  )                                                  (1827-1872)    m28/08/1848     (1830-1852)
                5 enfants dont                                                                        1 enfant trouvé
Jeanne Riot       x        Augustin Baconnais                            Jean-Marie Riot  x     Marie-Louise Thual
(1851-  ?  )       m17/02/1876       (1849-   ?  )                                                  (1850-  ?  )       m06/04/1877     (1857-  ?  )  
                7 enfants dont                                                                         1 enfant trouvé
Auguste Baconnais  x   Yvonne Mauvillain                               Joseph Riot        x       Anne Mesnager
(1888-1917)           m19/03/1910       (1891-1916)                                            (1885-1955)     m25/10/1910      (1882-1951)
                      2 enfant dont                                                                           1 enfant trouvé
Yves Bacconnais     x    Simone Arnaud                                     Joseph Riot        x       Solange Dupé
(1912-1994)           m16/10/1935                                                           (1920-1979)            ?             (1919-  ?  )
                        5 enfants  dont                                                                          3 enfants dont
                        Mado                                                     Jacques

 
     Cependant, une question demeure toujours :
" Comment se fait-il que 300 ans plus tard, une personne savait qu'ils étaient "cousins" ? "

     Je pense que la réponse se trouve dans le fait que jusqu'à la fin du XIXe siècle, les Riot des deux branches n'ont pas quitté Bains, vivant tous dans un rayon de 5 km : Les Touches, Les Provotais, La Garinais. Cette proximité a sans aucun doute facilité la permanence des liens entre cousins. D'ailleurs on retrouve certains aïeux comme témoins des naissances, mariages ou décès des uns et des autres. C'est le cas par exemple d' Ambroise Riot, témoin du mariage de son cousin germain Vincent en 1784 et qui sont les arrières petits-enfants de Jan.
Ou Jean-Marie (époux de Jeanne Lottiaux) témoin de la naissance de Marie-Joseph Baconnais le 23 novembre 1875, fille de Pierre-Emile Baconnais et Marguerite Loirat. Pierre-Emile est le fils de Mathieu Baconnais et Marguerite Loirat. Ce Mathieu est le père de Augustin, époux de Jeanne Riot, arrière grand-mère de Mado. Ce dernier élément montre que des Riot fréquentaient des Baconnais, et cet élément répond sans doute à ma question, quand on sait que Didine était la mémoire familiale de la branche Bacconnais.
D'où l'importance du relevé des témoins sur les actes quand on veut creuser les liens entre membres de branches différentes.


*Petit rappel pour les plus jeunes : au siècle dernier les registres paroissiaux n'étaient pas en ligne. Et en plus au fil des ans se sont rajoutées d'autres recherches plus urgentes.


lundi 5 octobre 2015

Pourquoi la faute à Didine ?

Je recherche mes racines, 
c'est la faute à Didine,
Le nez dans les archives,
 c'est la faute à sa curiosité vive,
Je recherche mes origines,
 c'est la faute à Didine, 
Le nez dans les papiers, 
c'est la faute à cette petite fée.





                          Armandine, Aimée, Marie, Anastasie Berrué, dite DIDINE, était une cousine germaine de ma grand-mère maternelle, branche Baconnais. Célibataire sans enfant, elle a fait partie de l'enfance de ma mère et ses sœurs puis de la génération suivante. Nous l'aimions tous énormément !

Elle est née le 15 avril 1902, à deux heures du matin au lieu-dit La Providence, sur la commune de Bains-su-Oust (35), dans la maison de sa grand-mère, Jeanne Riot. Son grand-père, Auguste, Marie Baconnais, est mort l'année précédente.  
Enfant illégitime, elle était la fille de Mathurine, Marie, Louise Baconnais, âgée de 22 ans et d'un gars du village qui avait promis le mariage à cette dernière. Comme c'était souvent le cas à cette époque, après s'être bien amusé, il avait disparu dans la nature. 
Trois ans plus tard, elle sera reconnue le 6 avril 1905, lors du mariage de sa mère, avec Jean-louis Berrué, un veuf de 44 ans, sans enfant, fils de Jean et Louise Gaugain, qui était né à Huillé (49), mais qui habitait Redon au moment de son mariage.
De cette union naîtra une petite fille, Marie, qui deviendra religieuse. Mathurine décédera quelques années plus tard, de tristesse et des mauvais traitements infligés par son alcoolique de mari. Il lui reprocherait entre autre de lui imposer sa bâtarde de fille. Berrué se remariera quelque temps plus tard et aura un garçon. Sa nouvelle épouse ne supportait pas les deux petites filles et les maltraitera tout comme leur père. A la mort de ce dernier, elle les placera dans un orphelinat où elles ne seront pas beaucoup mieux traitées. Mon arrière-grand-mère, Marie-Louise Baconnais aurait aimé les prendre avec elle, mais elle avait déjà 3 enfants, ne roulait pas sur l'or et surtout, avait épousé (mariage arrangé) un sale type, François, Maire Lemarié, qui ne valait pas mieux que Berrué, et qui s'y était formellement opposé. 
Malgré la séparation d'avec leur frère et le faite d'être de père ou de mère différents, les 3 enfants seront toujours très liés, et les enfants du "frère" d'Armandine, s'occuperont d'elle jusqu'à sa mort le 22 août 1992 à Pouancé (49)



Didine et sa soeur Marie

Très jeune, Armandine a été placée comme bonne chez des bourgeois et elle sera domestique toute sa vie. Son dernier employeur sera un vétérinaire à la retraite. Je l'ai toujours connue habiter chez ce monsieur. J'adorais y aller. 
Il habitait une belle maison bourgeoise avec une cour fermée par une porte cochère avec des anciennes écuries devant, et un jardin derrière. Les portes vitrées de la salle à manger était en vitrail. Bon plus tard je me suis rendu compte que ce n'était qu'un sur-vitrail adhésif, mais j'étais fascinée par ces deux portes, par les couleurs que le soleil projetaient sur le sol et les murs. A cet âge, je croyais que les vitraux ce n'étaient que dans les églises. 
Dans la cuisine, l'évier était dans un placard, ce qui était très courant dans l'Ouest de la France. 
Dans le puits du jardin à ras de terre, entouré d'herbes et de fleurs, le faisant ressembler à une mare, il y avait des poissons rouges.
Tous ces petits détails ont laissé une trace indélébile dans ma mémoire. Je trouvais cette maison magique. 
D'ailleurs petite fille je croyais dur comme fer que Didine était une vraie fée comme celles de La Belle au bois dormant. J'étais persuadée que lorsqu'elle était seule, elle pouvait voler... Elle semblait tellement appartenir à un autre temps, un autre monde. Elle n'était pas très grande, 1m50 environ, très douce, toujours souriante, bienveillante, elle faisait toujours attention aux enfants. Elle s'intéressait réellement à nous et écoutait sérieusement ce qu'on lui racontait. N'ayant pas eu d'enfance, je crois qu'elle la vivait à travers nous. Elle adorait qu'on lui raconte ce qu'on faisait à l'école, les jeux avec nos copines, les activités qu'on pratiquait, elle adorait recevoir nos dessins. 
Et puis quand on venait la voir, elle avait toujours des cadeaux pour nous. N'étant pas riche du tout, c'était souvent un cahier d'écolier avec des feutres, des toutes petites poupées, bref des bricoles mais qui ne ressemblaient pas à ce qu'on avait l'habitude de recevoir. Ma sœur et moi, on adorait ses cadeaux. Quand ma mère et ses sœurs étaient petites, elle leur offrait toujours des petites choses et surtout des livres. Leur amour pour la lecture est venue d'elle. Chez mon grand-père, comme dans beaucoup de famille à cette époque, la lecture était une perte de temps.

Chez mes grands-parents, nous, les enfants, n'étions pas très intéressants même s'ils nous aimaient beaucoup. Nous devions rester à notre place par contre ils ne nous critiquaient pas. Ce qui n'était pas le cas de nos parents, tantes et oncles. J'ai rarement vu une famille où les adultes se critiquaient autant. 
Chez Didine, ce n'était qu'amour et simplicité. Elle nous acceptait tel qu'on était. Je pense que c'est ce qui m'a le plus marqué et qui a forgé ma façon d'être. Je ne supporte pas le petit esprit, l'hypocrisie, les critiqueurs, c'est viscéral chez moi. Si quelque chose ne va pas, on se le dit tout simplement. Si on va, ou que l'on reçoit des amis, c'est parce qu'on les apprécie donc on n'a pas à les critiquer dès qu'ils ont le dos tourné. Cette ambiance de critique perpétuelle est très déstabilisante pour des enfants : on a passé un super moment avec des gens qu'on aime mais finalement on a l'impression de ne pas avoir le droit d'aimer ces personnes vu qu'elles ne sont pas bien, pas parfaites et ce raisonnement poussé à l'extrême fait qu'on s'interdit d'avoir des amis vu que ce n'est pas bien.
Le fait d'avoir pu côtoyer une personne telle que Didine, a fait que j'ai pu envoyer balader toutes ses croyances et devenir quelqu'un de tolérant et très sociable. J'aime les gens et ça je le dois vraiment à Didine.

Dans son village de Pouancé (49), Didine était aimée, appréciée et connue de tous. Une fois un de ces petits neveux lui a écrit une lettre en mettant simplement sur l'enveloppe ; Didine 49420 Pouancé. Et bien la lettre est arrivée !  

Je dédie également ma généalogie maternelle, branche Baconnais à Didine, parce que grâce à elle, ma grand-mère a pu retrouver des cousins. Grâce à elle nous sommes en contact avec des cousins de la 4e voir 5e génération aujourd'hui. Elle a tellement souffert de ne pas avoir de famille, de vie à elle, traumatisée par son enfance, par l'éducation arriérée des religieuses, et par la pauvreté, cette impression d'être toujours inférieure aux autres, qu'elle n'avait de cesse de retrouver les membres dispersés de sa famille. A une époque, pas si lointaine que ça, lorsque des frères ou sœurs quittaient une région pour trouver du travail ailleurs, la plus part du temps ils se perdaient de vue ne pouvant se déplacer ou s'écrire, ne sachant à peine lire et écrire. Didine, elle, a réussit à bâtir des ponts entre les différents membres de sa famille.



Didine, petite fée, 
tu sera pour toujours dans mon cœur.