lundi 5 octobre 2015

Pourquoi la faute à Didine ?

Je recherche mes racines, 
c'est la faute à Didine,
Le nez dans les archives,
 c'est la faute à sa curiosité vive,
Je recherche mes origines,
 c'est la faute à Didine, 
Le nez dans les papiers, 
c'est la faute à cette petite fée.





                          Armandine, Aimée, Marie, Anastasie Berrué, dite DIDINE, était une cousine germaine de ma grand-mère maternelle, branche Baconnais. Célibataire sans enfant, elle a fait partie de l'enfance de ma mère et ses sœurs puis de la génération suivante. Nous l'aimions tous énormément !

Elle est née le 15 avril 1902, à deux heures du matin au lieu-dit La Providence, sur la commune de Bains-su-Oust (35), dans la maison de sa grand-mère, Jeanne Riot. Son grand-père, Auguste, Marie Baconnais, est mort l'année précédente.  
Enfant illégitime, elle était la fille de Mathurine, Marie, Louise Baconnais, âgée de 22 ans et d'un gars du village qui avait promis le mariage à cette dernière. Comme c'était souvent le cas à cette époque, après s'être bien amusé, il avait disparu dans la nature. 
Trois ans plus tard, elle sera reconnue le 6 avril 1905, lors du mariage de sa mère, avec Jean-louis Berrué, un veuf de 44 ans, sans enfant, fils de Jean et Louise Gaugain, qui était né à Huillé (49), mais qui habitait Redon au moment de son mariage.
De cette union naîtra une petite fille, Marie, qui deviendra religieuse. Mathurine décédera quelques années plus tard, de tristesse et des mauvais traitements infligés par son alcoolique de mari. Il lui reprocherait entre autre de lui imposer sa bâtarde de fille. Berrué se remariera quelque temps plus tard et aura un garçon. Sa nouvelle épouse ne supportait pas les deux petites filles et les maltraitera tout comme leur père. A la mort de ce dernier, elle les placera dans un orphelinat où elles ne seront pas beaucoup mieux traitées. Mon arrière-grand-mère, Marie-Louise Baconnais aurait aimé les prendre avec elle, mais elle avait déjà 3 enfants, ne roulait pas sur l'or et surtout, avait épousé (mariage arrangé) un sale type, François, Maire Lemarié, qui ne valait pas mieux que Berrué, et qui s'y était formellement opposé. 
Malgré la séparation d'avec leur frère et le faite d'être de père ou de mère différents, les 3 enfants seront toujours très liés, et les enfants du "frère" d'Armandine, s'occuperont d'elle jusqu'à sa mort le 22 août 1992 à Pouancé (49)



Didine et sa soeur Marie

Très jeune, Armandine a été placée comme bonne chez des bourgeois et elle sera domestique toute sa vie. Son dernier employeur sera un vétérinaire à la retraite. Je l'ai toujours connue habiter chez ce monsieur. J'adorais y aller. 
Il habitait une belle maison bourgeoise avec une cour fermée par une porte cochère avec des anciennes écuries devant, et un jardin derrière. Les portes vitrées de la salle à manger était en vitrail. Bon plus tard je me suis rendu compte que ce n'était qu'un sur-vitrail adhésif, mais j'étais fascinée par ces deux portes, par les couleurs que le soleil projetaient sur le sol et les murs. A cet âge, je croyais que les vitraux ce n'étaient que dans les églises. 
Dans la cuisine, l'évier était dans un placard, ce qui était très courant dans l'Ouest de la France. 
Dans le puits du jardin à ras de terre, entouré d'herbes et de fleurs, le faisant ressembler à une mare, il y avait des poissons rouges.
Tous ces petits détails ont laissé une trace indélébile dans ma mémoire. Je trouvais cette maison magique. 
D'ailleurs petite fille je croyais dur comme fer que Didine était une vraie fée comme celles de La Belle au bois dormant. J'étais persuadée que lorsqu'elle était seule, elle pouvait voler... Elle semblait tellement appartenir à un autre temps, un autre monde. Elle n'était pas très grande, 1m50 environ, très douce, toujours souriante, bienveillante, elle faisait toujours attention aux enfants. Elle s'intéressait réellement à nous et écoutait sérieusement ce qu'on lui racontait. N'ayant pas eu d'enfance, je crois qu'elle la vivait à travers nous. Elle adorait qu'on lui raconte ce qu'on faisait à l'école, les jeux avec nos copines, les activités qu'on pratiquait, elle adorait recevoir nos dessins. 
Et puis quand on venait la voir, elle avait toujours des cadeaux pour nous. N'étant pas riche du tout, c'était souvent un cahier d'écolier avec des feutres, des toutes petites poupées, bref des bricoles mais qui ne ressemblaient pas à ce qu'on avait l'habitude de recevoir. Ma sœur et moi, on adorait ses cadeaux. Quand ma mère et ses sœurs étaient petites, elle leur offrait toujours des petites choses et surtout des livres. Leur amour pour la lecture est venue d'elle. Chez mon grand-père, comme dans beaucoup de famille à cette époque, la lecture était une perte de temps.

Chez mes grands-parents, nous, les enfants, n'étions pas très intéressants même s'ils nous aimaient beaucoup. Nous devions rester à notre place par contre ils ne nous critiquaient pas. Ce qui n'était pas le cas de nos parents, tantes et oncles. J'ai rarement vu une famille où les adultes se critiquaient autant. 
Chez Didine, ce n'était qu'amour et simplicité. Elle nous acceptait tel qu'on était. Je pense que c'est ce qui m'a le plus marqué et qui a forgé ma façon d'être. Je ne supporte pas le petit esprit, l'hypocrisie, les critiqueurs, c'est viscéral chez moi. Si quelque chose ne va pas, on se le dit tout simplement. Si on va, ou que l'on reçoit des amis, c'est parce qu'on les apprécie donc on n'a pas à les critiquer dès qu'ils ont le dos tourné. Cette ambiance de critique perpétuelle est très déstabilisante pour des enfants : on a passé un super moment avec des gens qu'on aime mais finalement on a l'impression de ne pas avoir le droit d'aimer ces personnes vu qu'elles ne sont pas bien, pas parfaites et ce raisonnement poussé à l'extrême fait qu'on s'interdit d'avoir des amis vu que ce n'est pas bien.
Le fait d'avoir pu côtoyer une personne telle que Didine, a fait que j'ai pu envoyer balader toutes ses croyances et devenir quelqu'un de tolérant et très sociable. J'aime les gens et ça je le dois vraiment à Didine.

Dans son village de Pouancé (49), Didine était aimée, appréciée et connue de tous. Une fois un de ces petits neveux lui a écrit une lettre en mettant simplement sur l'enveloppe ; Didine 49420 Pouancé. Et bien la lettre est arrivée !  

Je dédie également ma généalogie maternelle, branche Baconnais à Didine, parce que grâce à elle, ma grand-mère a pu retrouver des cousins. Grâce à elle nous sommes en contact avec des cousins de la 4e voir 5e génération aujourd'hui. Elle a tellement souffert de ne pas avoir de famille, de vie à elle, traumatisée par son enfance, par l'éducation arriérée des religieuses, et par la pauvreté, cette impression d'être toujours inférieure aux autres, qu'elle n'avait de cesse de retrouver les membres dispersés de sa famille. A une époque, pas si lointaine que ça, lorsque des frères ou sœurs quittaient une région pour trouver du travail ailleurs, la plus part du temps ils se perdaient de vue ne pouvant se déplacer ou s'écrire, ne sachant à peine lire et écrire. Didine, elle, a réussit à bâtir des ponts entre les différents membres de sa famille.



Didine, petite fée, 
tu sera pour toujours dans mon cœur.





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